LA CEREMONIE

Déroulement des cérémonies.





Le grand tamboo, où ce déroule les cérémonies





La cérémonie se déroule sous le grand « tamboo » elle commence à la nuit, c'est-à-dire vers 19:30. Nous sommes donc en plein air, avec juste un toit au-dessus de la tête et nous sommes entourés par la selva ( jungle) accompagnés des bruits parfois impressionnants des insectes, des oiseaux nocturnes, chouettes, hiboux et autres cris d’origine inconnue, les lucioles sillonnent l’air comme 1000 étoiles brillantes. Parfois, nous avons même le spectacle de l'orage et de ses éclairs.
Cheminement pour rejoindre la cérémonie


Nous sommes assis sur des bancs de bois recouverts de coussins, le Schaman est assis derrière une table, avec parfois un assistant, près de lui. Des bougies sont allumées.


Il ouvre la cérémonie en soufflant la fumée du Mapacho, grosse cigarette de tabac brut. Le tabac est considéré au même titre que l’ ayahuasca comme une plante maîtresse, il est omniprésent dans les cérémonies amazoniennes, il sert de protection et également à communiquer avec les esprits. Le Schaman a le plus souvent le mapacho dans la main gauche et la Chakapa, bouquet de feuilles sèches, que l’on peut entendre rythmer les icaros, dans la main droite. Il fait le tour de l'assistance, en soufflant à chacun la fumée au niveau des épaules, du sternum, et du crâne.

La Nicotiana rustica " Tabac blanc" est une plante de la famille des Solanacées faisant 60 à 80cm de hauteur. La floraison est jaune durant les mois de juin et juillet.
Ce tabac sacré proviens de l'Amerique centrale ( Mexique, Venezuella).
Ce tabac était cultivé durant la période pré-colombienne au Mexique.
Les Aztecs faisaient sécher les feuilles de tabac, les broyaient et les mélangeaient avec de la Tagete lucida , ensuite, ils fumaient ce mélange lors de divers rituels religieux. Ce tabac enthéogene permettait aux chamanes de dévelloper de multiples sens, d'avoir des signes très précis et de voir des lumieres très intenses.
En médecine traditionnelle, "le tabac blanc" était fumée pour combattre les problemes de l'asthme, les inflammations, les maux de dents, mal de tête, les venins de serpents.
L'ethnie des Warao du Venezuella, utilisaient les feuilles Mapacho comme "blunt"lors de rituel chamaniques.




le tabac indien et mapacho
















Il fait ensuite des recommandations pratiques, interroge chacun sur son expérience et explique le déroulement de la soirée.





Il souffle 3 fois la fumée du mapacho dans la bouteille de préparation, en disant les orations rituelles et ensuite il appelle chacun pour venir prendre la « madre » dans une coupe de bois. C'est lui qui fixe la dose à prendre, un jour que je trouvais la dose insuffisante il me répondit fermement avec le sourire, c’est le chamane qui sait, la dose juste à prendre, ce n'est pas le patient.








Puis quand chacun a reçu la madre, il éteint les bougies et la cérémonie se déroule dans le noir. La seule lumière qui nous éclaire parfois, est la lumière de la lune.





Suit un moment de silence, de recueillement, puis le Chaman commence à chanter les premiers icaros, d'ouverture à la plante et eil chantera pendant, 4,5 ou 6 heures avec amour, générosité et beaucoup d'énergie. Les icaros vont se succéder, tous ont une intention précise, le plus souvent il chante en espagnol. Après quelques icaros, il dit « vous pouvez chanter, la cérémonie est ouverte » et il nous incitera toujours à nous exprimer par le chant. Pour lui, une personne qui ne chante pas est une personne malade. Il chante un icaro qui dit « chante ta chanson, si tu ne chantes pas ta chanson ta vie sera triste, on ne peut pas être heureux si l'on ne chante pas sa chanson, et personne ne chantera ta chanson à ta place »





Je ressens les icaros et la cérémonie comme une succession de vagues, certains icaros vont venir fouiller au fond des tripes, comme un scanner pour débusquer les zones sombres, puis d'autres feront remonter à la lumière, à la joie. Certains icaros favorisent la « Mariation », (effet d'ivresse) d'autres l'élimination, les vomissements, la libération, d'autres nous emmènent dans la lumière et la résolution. Il guide ainsi la cérémonie avec ses chants et sa Chakapa, suivant la tradition ancestrale des Indiens d'Amazonie. Et sa merveilleuse voix nous accompagnera toute la nuit. Les Icaros sont comme un fil conducteur, comme un chemin à suivre, comme une ligne de vie que nous pouvons rejoindre lorsque nous nous égarons. Ils ont une grande influence sur les visions que nous pouvons avoir, sur l'ambiance de la cérémonie, et la magie peut se produire. Le chamane conduit la cérémonie au son de sa voix, il est important qu'il ait une parfaite maîtrise de cette science des icaros.





Ils permettent aussi de calmer le corps, de calmer la surexcitation mentale provoquée par la plante. Le Chaman dit l’ayahuasca chauffe la tête, et il conseille de ce baigner le lendemain afin de refroidir la « cabeza »et de faire descendre l’énergie. Les icaros sont un monde magique, pour moi encore mystérieux.





De temps à autres, il dit « como esta ? » comment ça se passe ? et il demande si certains veulent reprendre.





Vers le milieu de la cérémonie, le Chaman viendra voir chaque participant, et lui chantera un ou plusieurs icaros. Il vient parfois soutenir un participant qui traverse un passage difficile.





Les derniers icaros nous apporteront toujours une grande joie, comme une célébration à la vie, à la nature. Il clôture la cérémonie, lorsque tous les participants sont OK, la cession se termine plus ou moins tard. Il ne clôture pas à minuit, comme cela se passe parfois chez d'autres chamanes.

visions parPablo Amaringo